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La Page des Génériques : |
La parole à... Bernard RISSOLLPar le plus grand des hasards, j'ai été contacté par Bernard Rissoll par Internet après une de ses visites sur ce site. Il a gentiment accepté de répondre à quelques unes de mes questions et de détailler son travail sur les séries auxquelles il a participé :
LPDG : Bonjour M. Rissoll, pourriez-vous vous présenter brièvement? BR : Pour me décrire rapidement : j'ai 42 ans, actuellement scénariste, j'habite à Paris. Ma formation artistique m'a amené à être pianiste, auteur, compositeur et interprète de quatre albums entre 77 et 84. Je suis également l'auteur de plusieurs livres. LPDG : Quelles sont les uvres que vous préférez personnellement (genre musical, artistes, etc.) et pourquoi ? BR : Si je refaisais de la musique aujourd'hui, je ferais de la techno. LPDG : Avec des nombreuses participations pour des génériques d'émissions pour enfants, comment êtes-vous venu à travailler sur ces projets -- le plus souvent avec Cyril De Turckheim -- et comment s'est déroulé l'écriture et l'enregistrement de ces titres maintenant restés dans les mémoires ? BR : Le premier générique que la société IDDH nous ait proposé de faire était Super Durand. À partir de deux-trois vagues infos sur la série (aucune K7), nous nous sommes amusés à faire dans le genre de ce qui se faisait à l'époque (Cobra, etc.). Il faut dire que Cyril et moi avions travaillé sur nos propres albums dans une inspiration plus personnelle. Les gens d'IDDH attendaient quelque chose d'un peu vulgos et nous avions envie de décrocher la timbale pour des raisons financières. C'est donc entre deux crises de fous rires que nous avons écrit et composé ce qui peut sembler, la nostalgie aidant, une chanson potable, mais qui objectivement était une grosse daube. Le sérieux avec lequel Olivier Constantin (excellent chanteur par ailleurs) a suivi nos directives, à savoir chanter de manière un peu putassière, nous a beaucoup amusés en studio. Je n'écrivais que les paroles a priori mais parfois on faisait tout en même temps avec Cyril et parfois même, je mettais la main à la pâte quand j'avais une idée qui me semblait intéressante. LPDG : Quelles étaient les conditions et les impératifs liés à ces projets à l'époque ? BR : Il faut comprendre que si notre chanson n'était pas prise, c'était quelqu'un d'autre que nous qui allait le faire. À cette époque, des compositeurs facturaient 30 à 50.000 FF le générique à IDDH. Notre calcul a été de casser le marché en ne réclamant que les droits d'auteurs lors des passages à l'antenne. Le calcul a été bon puisque ces génériques nous ont permis de vivre confortablement durant dix ans en ne travaillant que quelques jours par an ! LPDG : Plus spécifiquement, pour le générique de Cat's Eyes (de loin le plus connu), comment le générique que nous connaissons aujourd'hui a-t-il vu le jour ? BR : Cat's Eyes fut notre second générique. Nous avons alors proposé trois chansons différentes. Une qui nous plaisait vraiment et qui aurait rajeuni un peu le genre, une plus commerciale et enfin une troisième, archi-tarte à la crème qui nous paraissait être ce qu'ils attendaient. On s'est dit à ce moment-là : au moins on aura essayé de proposer autre chose. C'est évidemment la troisième qui a été choisie ! Pour vous qui avez la nostalgie de cette chanson, ce jugement doit vous paraître un peu incompréhensible mais je vous assure que les autres versions étaient franchement plus écoutables. Bon alors après, il y a le fait qu'il est difficile de faire quelque chose sans y mettre du cur et du sérieux, ce qui fait que la chose a été enregistrée proprement, mais bon... C'est Isabelle Guillard qui a chanté cette chanson. Aucune info véritable ne nous avait été donnée, juste une vague traduction d'un texte japonais qui parlait de la série. Je me rappelle également que les Japonais n'avaient pas donné leur accord pour l'autorisation de substitution du générique et qu'il a fallu plusieurs années pour que la SACEM nous verse enfin des droits. LPDG : Le générique des Petits Malins a une petite particularité, on y parle beaucoup de Gabby, Gabby, Gabby mais, si mes souvenirs sont corrects, il n'y avait pas de Gabby dans la série. Était-ce juste un procédé marketting pour vendre des peluches ? BR : Exactement, il y avait une peluche Gabby et on nous avait demandé d'articuler autour d'elle. LPDG : Aimeriez-vous retravailler dans le même contexte qu'il y a 15 ans sur des projets identiques ? BR : Je regrette que les chansons de génériques de dessins animés soient la chasse gardée des producteurs qui pensent qu'en les faisant chanter par une star vieillissante de la chanson française, ça pourrait faire vendre des disques. Ce calcul s'est le plus souvent avéré archi-faux. En deux mots, je trouve dommage que le générique n'ait souvent rien à voir musicalement et artistiquement avec la série. LPDG : Quels sont vos projets actuels ? BR : Je travaille principalement à l'écriture d'un roman d'évasion fantastique et je dirige l'écriture de plusieurs séries de dessins animés. LPDG : Avez-vous gardé contact avec les personnes qui ont travaillé avec vous sur ces projets ? BR : Je continue à collaborer avec Cyril de Turckheim qui lui, continue à enregistrer de la musique intérieure de nombreux dessins animés (Tristan et Iseult, Les malheurs de Sophie, Les Rois et les Reines, Les drôles de Petites Bêtes). LPDG : Bernard Rissoll est en fait un pseudonyme. Pouvez-vous nous expliquer son origine ? BR : J'ai pris ce pseudo dans un souci de distinguer des carrières différentes. J'ai enregistré quatre albums de chansons et écrit des livres sous mon véritable nom. Quand on m'a proposé d'écrire ces génériques, c'était un peu la honte à l'époque par rapport à ce que j'avais fait avant. D'où l'invention du pseudo le plus gras qui soit : Rissoll comme les pommes de terre rissolées. C'était une joke avec mon entourage également, une façon de prendre de la distance. Maintenant, je m'en moque un peu mais je suis resté sur cette petite barrière. Cat's Eyes, ça allait à peu près mais on a tout de même été amené à enregistrer parfois à toute allure de véritables niaiseries. LPDG : ... comme par exemple le très contestable Mazinger Z ? BR : Une horreur totale effectivement, chantée par un choriste pas très doué. À cette époque nous avions de moins en moins de considération pour ce travail et nous faisions de la parodie plus qu'autre chose tout en s'en rendant parfaitement compte rassurez-vous ! LPDG : Une petite anecdote sur Cat's Eyes pour conclure cet entretien ? BR : Oui, elle concerne l'intro musicale du générique de Cat's Eyes. Si celui-ci démarre par un décompte métronomique, ça n'est pas du tout une volonté artistique mais c'est dû à la bêtise d'une assistante de production à IDDH qui pensait que ça faisait partie du morceau ! Depuis toujours, la série est diffusée en incluant cette intro purement technique. Propos recueillis par Email, juin 2001
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